« emeis et moi », Épisode 13 : rencontre avec Manon, ergothérapeute

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Clinique du Grand-Salève | mercredi 20 novembre

« emeis et moi », Épisode 13 : rencontre avec Manon, ergothérapeute

Afin de vous faire découvrir les différents corps de métier au sein de nos cliniques, nous vous proposons « emeis et moi », une série d'entretiens avec nos collaborateurs. Pour ce nouvel épisode, nous partons à la rencontre de Manon, ergothérapeute pour nos cliniques La Métairie et Grand-Salève.

Peux-tu nous décrire ton parcours et nous dire pourquoi tu as choisi cette voie ?

Originaire de la région parisienne, j’ai fait un baccalauréat scientifique avec l’ambition de faire un métier dans le monde médical sans trop savoir lequel exactement. Je me suis donc lancé dans un cursus préparatoire à différents concours : ergothérapie, physiothérapie, psychomotricité et radiologie. Après un temps de réflexion et quelques recherches, j’ai privilégié la physiothérapie et l’ergothérapie, notamment pour le côté « thérapies manuelles » de la physiothérapie et l’aspect « activités créatives » de l’ergothérapie.

A l’issue de ce cursus préparatoire, j’ai passé et obtenu le concours d’ergothérapeute et j’ai pu avoir la chance de choisir parmi plusieurs écoles. J’ai finalement décidé d’intégrer l’Institut de formation en ergothérapie de l’Université Paris XII à Créteil. Durant les trois années d’étude, j’ai été préparé autant au travail d’ergothérapeute en rééducation qu’en psychiatrie, ce qui n’était pas le cas de toutes les écoles de formation d’ergothérapeute. Cela me permettait de ne pas être dans une voie déjà tout tracée et me laissait aussi plus de possibilités pour l’avenir.

Les six derniers mois d’études, je devais faire un stage et j’ai voulu changer un peu d’air, tout en me rapprochant de mon conjoint qui lui, travaillait comme physiothérapeute à la clinique Pierre de Soleil à Vétraz-Monthoux (Haute-Savoie). Je suis donc partie en Haute-Savoie, où j’ai intégré les équipes de la clinique Le Mont Veyrier à Argonay (près d’Annecy). Suite à ce stage, la Direction de la clinique m’a proposé un contrat et j’ai donc quitté la région parisienne pour venir m’installer en Haute-Savoie et commencer ma carrière professionnelle en tant qu’ergothérapeute.

Racontes-nous ton arrivée au Grand-Salève et ton évolution au sein de nos cliniques.

Après ma première expérience à la clinique Le Mont Veyrier, mon parcours m’a amené aux Hôpitaux du Léman à Thonon-les-Bains, où j’ai travaillé dans les services de rhumatologie, de pédiatrie et de gériatrie, ce qui m’a permis de développer de nombreuses compétences en ergothérapie et d’élargir ma palette de connaissances.

Suite à cela, j’ai intégré le Groupe emeis puisque j’ai été recruté par la clinique Pierre de Soleil qui me donnait l’opportunité de travailler en hôpital de jour, principalement en traumatologie (poignet, épaule).

Durant mes six années là-bas, et ayant de nombreux patients frontaliers, j’avais émis le souhait de faire des stages en Suisse à ma responsable de service. Et là, le bouche à oreille a fait son œuvre puisqu’il s’avérait qu’une ancienne collègue ergothérapeute en Haute-Savoie, Cécile, partie depuis quelques temps en Suisse à la clinique du Grand-Salève, allait quitter son poste. J’ai donc postulé et je suis arrivé à Veyrier pour la remplacer en avril 2023.

Le comble, c’est que l’histoire ne s’arrête pas là, puisque Cécile est finalement revenue à la clinique du Grand-Salève et nous avons de nouveau pu travailler ensemble. La boucle était bouclée !

Ensuite, quelques semaines après mon arrivée, il s’est avéré que la clinique La Métairie avait besoin de renfort en ergothérapie et je suis venue presque naturellement intégrer l’équipe en place. Aujourd’hui, je partage donc mon temps entre la clinique du Grand-Salève et la clinique La Métairie.

La spécificité des ergothérapeutes à la clinique du Grand-Salève, c’est de faire à la fois de l’ergothérapie en réadaptation et en psychiatrie. Peux-tu nous en dire plus sur la manière de travailler et d’appréhender ces deux branches totalement différentes ?  

En ergothérapie, nous intervenons principalement sur deux parties : la partie autonomie de la personne, c’est-à-dire être capable de prendre ses décisions, et la partie indépendance de la personne, soit l’acte fonctionnel et moteur de la personne.

Quand les patients arrivent en réadaptation, nous les recevons en entretien pour savoir quelles étaient leurs habitudes dans leur lieu de vie avant leur accident et où est-ce qu’ils en sont au moment de leur entrée dans notre clinique.

En fonction des informations récoltées, nous leur proposons de la rééducation sous différentes formes, le but étant qu’ils/elles retrouvent le maximum d’autonomie. Cela va des transferts de lit aux déplacements, de savoir faire sa toilette seul.e à répondre au téléphone ou ouvrir les portes etc... Notre mission est aussi de travailler tout ce qui est en rapport avec le retour dans le lieu de vie après le séjour à la clinique, à savoir l’aménagement de celui-ci et le matériel qui pourrait être nécessaire pour le quotidien des patients. En psychiatrie, il y a également ce premier entretien afin d’apprendre à connaitre les patients, leur présenter l’atelier et le cadre thérapeutique.

Ensuite, nous les accompagnons dans la réalisation d’activités, qui peuvent être manuelles ou cognitives. Une chose importante, c’est de dire aux patients que nous n’avons pas d’objectif purement esthétique en ergothérapie, or, souvent, les patients se fixent des objectifs trop hauts. Pour nous, c’est la capacité à faire quelque chose qui nous importe, pas forcément le résultat. Il faut que les patients arrivent à se retrouver, à ne pas s’auto-flageller ou ne pas être trop critiques envers eux-mêmes. 

Lorsqu’un patient en psychiatrie arrive à l’atelier, je lui présente tout ce qu’il peut faire en lui expliquant les caractéristiques de chaque activité. Typiquement, sur la poterie, le patient se centrera sur le moment présent, sur ce qu’il se passera devant lui, tandis que la pyrogravure, par exemple, demandera beaucoup plus d’attention et de concentration.

Selon ce que j’ai pu percevoir lors du premier entretien, je vais aussi pouvoir proposer une activité adéquate pour le patient. Par exemple, quelqu’un qui est très anxieux ou qui peine à prendre des décisions, je lui proposerai une activité plutôt pour se recentrer sur lui-même, comme le mandala. Pour quelqu’un qui rumine des idées tout au long de la journée sans arriver à en sortir, la pyrogravure peut, elle, être une bonne solution car elle pose un cadre strict au patient durant la séance.

Que ce soit en réadaptation ou en psychiatrie, il faut savoir s’adapter au patient selon son état physique ou psychique le jour où je le vois. J’ai des objectifs avec chaque patient, mais si je sens que la journée n’est pas bonne pour telle ou telle raison, il n’y a rien de grave et on peut tout à fait revenir sur l’activité un autre jour.

L’adaptation se fait aussi sur le nombre de séances d’ergothérapie dans la semaine. Chaque patient étant différent, certains auront besoin de plusieurs séances dans la semaine, notamment pour ceux qui doivent travailler leur autonomie à la marche ou l’équilibre, quand d’autres n’autres ne seront vu qu’une fois. 

A La Métairie, je suis aussi les patients en hôpital de jour et c’est tout aussi intéressant et enrichissant. Ce sont des patients qui sont retournés chez eux et qui sont de nouveau autonomes, ce qui donne des travaux créatifs très différents, notamment de par le fait qu’ils arrivent à prendre le recul nécessaire pour faire les choses et à voir ce moment comme un temps pour eux.

Quelles sont les caractéristiques essentielles selon toi pour être un bon ergothérapeute ?

Avoir beaucoup de créativité ! C’est LA qualité essentielle. Il faut aussi être autonome, être ouvert à l’humain bien évidemment, et avoir de l’empathie.

Il faut aussi avoir toujours l’envie d’apprendre, c’est important. Pour ma part, j’avais évidemment appris beaucoup de techniques durant mes études, mais arriver ici a été, pour moi, une porte vers l’apprentissage de nouvelles activités, comme la mosaïque par exemple.

Un mot pour finir cet entretien ?

S’il fallait encore ajouter quelque chose, ce serait de dire que l’ergothérapie c’est aussi du partage, tant avec les patients qu’avec les autres membres de l’équipe. J’apprends énormément des patients et je trouve aussi que le fait de travailler sur deux cliniques permet de partager de nouvelles techniques et d’insuffler un vent nouveau à nos pratiques.

Nous avons, par exemple, mis en place un groupe théâtre à la clinique du Grand-Salève tout récemment, groupe qui existe depuis longtemps à la clinique La Métairie et que je trouvais pertinent de pouvoir aussi proposer à Veyrier. Depuis sa mise en place, je n’ai eu que de bons retours sur ce groupe, c’est donc un pari gagné !

Je peux donc désormais me tourner vers deux autres projets que nous avons avec ma collègue au Grand-Salève, à savoir la création d’un groupe cuisine, qui est une activité essentielle dans la vie quotidienne des gens, et celle d’un groupe musique !